12 déc. 2010

Clotilde Rullaud - Live au 7 Lézards



  • AMG
  • Jazzman dec 2010 :  Chanteuse dramatique, sensible aux voix du monde, elle a été remarquée dès 2008 par Jazzman et Jazz Magazine grâce à un premier disque live assez osé, en duo avec le guitariste Hugo Lippi. A paraître un nouvel opus en quintette avec Olivier Hutman.  Voici dix ans que Clotilde Rullaud a choisi de se consacrer à la musi­que plutôt que de monnayer son diplôme de Sup de Co, mais ses préoccupations musicales sont très antérieures. Elevée dans une famille où l'on écoutait du jazz et du classique sur les différentes ondes de Radio France, elle commença la flûte à cinq ans parce qu'elle était trop petite pour la contrebasse. Devenue familière du jazz grâce à l'ambiance familiale et de plusieurs professeurs, elle acheta son premier disque avec son argent de poche de fillette : un CD des Editions Atlas consacré à Ella Fitzgerald. Poursuivant sa for­mation par le conservatoire, elle écrivit à vingt ans, avec quelques amis étudiants, une comédie musicale qu'elle monta au Bataclan à l'occasion de la fête de fin d'année de Sup de Co. Aussi le stage en entreprise prévu dans son cursus lui parut-il bien fade à côté de l'implication qui avait été la sienne pour la création et la produc­tion de ce spectacle. Se détournant de l'économie et du manage­ment, elle passa donc deux ans à l'IACP pour travailler la voix. Après plus de quinze ans de pratique de la flûte, elle connaissait déjà bien les secrets de sa colonne d'air et l'enseignement de Sarah Lazarus fit le reste. Prête à voler de ses propres ailes, elle fréquenta beau­coup de spécialistes des "musiques du monde" en découvrant de nouveaux timbres et comprenant à quel point la voix est un instru­ment élastique et protéiforme. La rencontre avec Martina Catella, ethno-musicologue de formation et directrice de l'école Les Glotte­Trotters , lui permit d'aborder encore de nouveaux aspects de l'art vocal. Si Clotilde Rullaud a une grande affection pour les standards et le répertoire des grands compositeurs du jazz (Ellington, Monk, Mingus, Horace Silver, Gil Evans), elle choisit d'abord leurs morceaux les plus colorés, car c'est le mélange des cultures et des influences qui, pour elle, les font sonner de façon encore très actuelle aujourd'hui. Il en va ainsi de Caravan, qu'elle orientalise de belle manière ou de Senor Blues d'Horace Silver. Le jazz, elle l'envisage dans sa dimension populaire et comme le melting-pot où ont été brassées de nombreuses musiques du monde. Si sa chanteuse pré­férée est Jeanne Lee (devançant de peu Shirley Horn, Norme Wins­tone et Meredith Monk), elle aime aussi énormément Ljiljana Buttler, cette chanteuse yougoslave qui se faisait si bien l'écho de la plura­lité culturelle de son pays aujourd'hui démantelé. Mais elle met aussi sa voix de mezzo-alto à la tessiture travaillée au service de Prince (très bonne adaptation de Kiss), de Stevie Wonder ou de Car­los Jobim. Sur son prochain disque, "In Extremis", en quintette avec Olivier Hutman, elle revisitera à sa façon bigarrée John Coltrane, Vinicius de Moraes, Serge Gainsbourg, Bill Evans, Thelonious Monk et Astor Piazzolla, parce que « le jazz est l'occasion de rendre uni­versel un message singulier ». Philippe Vincent